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Date de mise à jour: 2011/06/11
Condensé de la question
Quelle est la raison de l’opposition des jurisconsultes et des théologiens avec la théorie de l’unité de l’existence ?
Question
Quelle est la raison de l’opposition des jurisconsultes et des théologiens avec la théorie de l’unité de l’existence ?
Résumé de la réponse

1-             «  L’unité de l’existence » est l’un concepts fondamentaux dans le mysticisme et il est considéré par certains mystiques, entre autres Muhyu-d-din Arabî, comme le principe des principes. Dans ce droit fil, «  l’existence » est une vérité unique et éternelle et ne représente autre chose que Dieu et en dehors de Lui, l’existence n’est pas de vérité, et tout ce qui  apparaît est, en effet, diverses manifestations  d’une vérité unique qui se  cristallise sous la forme des choses et objets ; tout cela découle de cette existence réelle unique.

2-             Il  y a, également, une interprétation pour l’unité de l’existence, quoique le principe de sa preuve s’appuie, apparemment, sur l’intuition intérieure. Cet argument repose sur «  l’authenticité de l’existence » et «  la communauté spirituelle de l’existence ». Cet argument repose sur le fait que compte tenu de la participation commune sens et au concept de l’existence, l’existence doit avoir une vérité unique ; car il est impossible d’abstraire un sens unique des vérités confondues. Ils font, également, référence à la règle «  l’extension de la vérité à toutes les choses », pour confirmer la théorie de l’unité de l’existence.

3-             Il y a ceux parmi les jurisconsultes et les théologiens qui se sont opposés à la théorie de l’unité de l’existence ; il y a, également, ceux parmi eux qui l’assimilent à l’associationnisme. Ils estiment que l’existence de Dieu est distincte et différence de l’existence des créatures. Ils sont d’avis que la Pureté de l’Existence de Dieu ne peut pas s’additionner à celle des choses matérielles.

4-             La vive opposition  d’un certain nombre de jurisconsultes et de théologiens à la théorie de l’unité de l’existence semble s’expliquer par le fait que les mystiques n’étaient pas mesure d’aborder, tel qu’il faut, un tel débat, lourd et approfondi, et certains d’entre eux n’avaient pas la compétence nécessaire de l’accepter, en raison de leur faible bagage scientifique.

5-             Molla Sadra, en tant qu’un philosophe ayant le caractère du Connaissant «  Arif », a tenté de déchiffrer le sens du terme «  Wahdat ul-Wujûd (l’unité de l’existence), et de dissiper les doute, suscités par des conceptions erronées. Dans son livre,  Asfar al-Arba ‘ah, il a fait une différence et une distinction entre l’Existence pure qui n’est liée à aucune contrainte, appelée «  l’Essence de l’Unité, et «  l’existence étendue » qui s’est élargie aux existences possibles. C’est le premier sens et non pas le deuxième que les mystiques présentent comme l’unité de l’existence et l’existence absolue. Ils estiment que cette confusion du sens est à l’origine de toutes les erreurs, de toutes les négations et de toutes les excommunications.

Réponse détaillée

L’unité de l’existence est l’un des sens les plus fondamentaux dans le mysticisme, sur lequel se sont attardés le mysticisme islamique et non islamique et dans l’école d’Ibn Arabi, l’unité de l’existence est le principe le plus important,  autrement dit, elle est le principe des principes. Dans ce droit fil, «  l’existence » est une vérité unique et éternelle et ne représente autre chose que Dieu et en dehors de Lui, l’existence n’est pas de vérité, et tout ce qui apparaît est, en effet, diverses manifestations d’une vérité unique qui se cristallise sous la forme des choses et objets ; tout cela découle de cette existence réelle unique qu’est Celle de Dieu. Par conséquent, l’on ne pas croire à ceux existence distinctes, c'est-à-dire, l’existence de Dieu et l’existence de la créature. Il ne faut reconnaître qu’à une seule existence, Celle de Dieu, une existence qui se réduit au degré inférieur et représente la créature. Ibn Arabi dit : «  Tout ce que nous disons de Lui, nous avons, en effet, parlé de nous même ; car Son Existence est la nôtre. Nous avons besoin de Lui pour notre existence et Lui, Il a besoin de nous pour se manifester. » 1 [1]

Selon Ibn Arabi, Dieu et les créatures sont la même chose et ont besoin l’un de l’autre ; car ils sont la forme d’une seule vérité. Donc, les créatures ne sont que les Noms et les Attributs du Vrai, le Très-haut. Cependant, le rapport de l’existence envers  Dieu est un rapport réel tandis que le rapport de l’existence vis-à-vis des créatures est un rapport virtuel. La différence entre les gens d’Allah et les gens de l’opinion, c’est que le détenteur de la raison dit : Toutes les choses sont Son signe, et apportent un témoignage sur Son Unité.  

Mais, le détenteur de la manifestation  dit : Toutes les choses sont Son signe et apportent un témoignage sur Son Essence.  

Donc, Il n’y a qu’une seule existence, celle de Dieu et Personne et aucune chose, excepté Dieu, ne Le connaissent. 2[2]

L’expression la plus explicite d’Ibn Arabi qui a fait l’objet de nombreuses critiques et d’analystes est la suivante qui est évoquée dans Futuhat : «  Gloire à Dieu Qui a fait apparaître les choses et Il est l’essence de ces choses ».

Mon œil n’a pleuré que pour lui, mon oreille n’a écouté que Sa parole. Donc, l’existence de toute chose est en Lui et toute personne s’est reposé dans Son lieu de quiétude. 3[3]

En conséquence, l’unité de l’existence constitue l’axe fondamental et essentiel des écoles et des confessions mystiques. Cela signifie que toute existence dans le monde n’est que des manifestations de Dieu, non pas dans le que ces existences sont Ses créatures, mais dans le sens qu’elles sont, toutes, Lui-même. Autrement dit, au lieu de dire «  Je suis amoureux de tout l’univers qui Lui appartient », il faut dire : «  Je suis amoureux de tout l’univers qui est Lui-même ». A ce propos, Cheikh Mahmoud Shabestari, l’un des mystiques du 8ème siècle dit :

«  La dualité n’effleure pas le Seigneur le Très-haut

Nulle trace de moi de nous et de toi chez Lui

Moi et nous, toi et lui ne sont qu’une

Puisque dans l’unicité, la distinction est bannie

Ne seront qu’un dans Son immanence, dans l’Eternel,

L’initiation, initiatique et l’initié » 4 [4]

L’imam Mohammad Gazali dit : Les mystiques se sont élancés de la bassesse du virtuel vers le sommet de la vérité. Après s’être perfectionnés, lors de cette ascension, ils constatent que dans la maison de l’existence, il n’y a que Dieu. Toutes les choses ne sont que l’un des aspects de Sa face et cela ne se limite pas à un temps, mais depuis l’éternité et il en sera ainsi jusqu’à post-éternité. Toutes les choses ont deux faces, l’une vers soi-même et l’autre vers Dieu. Par conséquent, il n’a aucune autre existence que Dieu. Donc, les mystiques n’ont pas à attendre jusqu’au jour du Jugement dernier pour entendre l’appel de Dieu, car cet appel ne cesse de retentir dans leurs oreilles. Du mot Allah-o-Akbar, ils n’infèrent pas ce sens que «  Dieu est le plus grand des choses ». Ils estiment qu’il n’y a d’autre existence que Dieu. 5[5] Il est nécessaire de rappeler que le terme «  l’authenticité de l’existence » n’est pas mentionné dans les expressions d’Ibn Arabi , ce sont les exégètes et des commentateurs des livres d’Ibn Arabi ainsi que les mystiques qui se sont inspirés de lui,  qui ont répandu le terme de l’authenticité de l’existence.

Argument sur l’unité de l’existence :

1-             Les mystiques philosophes tel que Molla Sadra ont fourni un argument philosophique, reposant sur l’authenticité de l’existence et la participation commune au concept et au sens, pour expliquer l’unité de l’existence.  Parmi les arguments apportés, figurent cet argument qui repose sur le fait que compte tenu de la participation commune sens et au concept de l’existence, l’existence doit avoir une vérité unique ; car il est impossible d’abstraire un sens unique des vérités confondues. Ils font, également, référence à la règle «  l’extension de la vérité à toutes les choses », pour confirmer la théorie de l’unité de l’existence. L’essence immense et étendue du Vrai, si elle ne comporte pas certaines vérités, implique d’être composée, ce alors que, selon la raison, la composition n’est pas compatible avec l’immensité. Or, il faut dire que l’existence absolue englobe les perfections de toutes les créatures, d’une manière vaste et étendue. 6[6]

La raison de l’opposition des jurisconsultes et des théologiens

Un certain nombre de jurisconsultes et de théologiens, que soit de confession chiite ou sunnite, ou même de chrétienne, ont fait des objections vis-à-vis des principes et des convictions des mystiques et des soufis, surtout, en ce qui concerne l’unité de l’existence. Il a y eu même ceux qui son allés jusqu’à accuser les mystiques d’infidélité pour avoir exprimé de telles opinions et de théories ; car ils considéraient une telle opinion était en contradiction avec les enseignements divins. A titre d’exemple, ils estimant que le principe de «  Il n’y point existence que Dieu » était en contradiction avec «  Il n’y point de divinité que Dieu ». Ils estimaient que « «  Il n’y point d’existence que Dieu » veut dire que tout ce qui existe, que soit des idoles, des créatures ou toute autre chose, est en Dieu et en dehors de Dieu rien n’existe , c’est Dieu qui est adoré sous diverses formes. Mais, «  Il n’y point de divinité que Dieu », premier principe de l’Islam, veut dire qu’il ne faut rien adorer en dehors de Dieu.

Aux mystiques qui disent « «  Gloire à Dieu Qui a fait apparaître les choses et Il est l’essence de ces choses », ils font cette objection que comment peut-on prétendre que Dieu est l’essence même des créatures, alors que certains êtres vivants sont avilis et impurs ? Donc, cette parole relève de l’infidélité. Cela étant dit, il faut dire que certains mystiques se sont trouvés incapables d’exprimer leurs intentions, ou certains critiques n’ont pas compris le sens profond de leur parole, ce qui a suscité des objections et a donné lieu aux jugements contradictoires concernant les mystiques, en particulier, Ibn Arabi. Le débat sur l’unité de l’existence est un débat précis et lourd qui ne peut pas être exprimé et expliqué par n’importe qui. Molla Sadra compte parmi ceux qui ont tenté de fournir une analyse complète en cette matière pour barrer la route à une conception erronée et fausse.

En ce qui concerne la vérité de l’existence dans les êtres distingués ainsi que les vérités particulières, Molla Sadra dit :

Premier degré : l’existence pure et indépendante qui n’est liée à aucun conditionnement. Les mystiques l’interprètent comme «  L’Invisible absolu » et «  L’Essence de l’Unité suprême ».

Deuxième degré : l’Existence appartenant à l’autrui, qu’est l’existence conditionnée et limitée aux prescriptions, comme les intelligences, les Nufus (âmes),  les sphères célestes, les éléments, et les composés, entre autres, les êtres humains, les animaux, l’arbre, le vente et les autres êtres vivants particuliers.

Troisième degré : «  l’existence étendue et vaste » absolue dont la généralisation n’est pas de type de globalité. L’unité de cette existence n’est pas numérale, car il s’agit d’une seule existence qui s’est étendue à touts les êtres non-nécessaires. Il est le fondement de l’univers et du monde céleste. Selon une interprétation des Soufis, c’est la Réalité des réalités. 7[7] Les mystiques, lorsqu’ils parlent de l’existence absolue, ils entendant par là, le sens du premier degré de l’existence dont on vient d’expliquer. 8 [8]

Mollah Sadra s’attarde, également, sur un débat placé sous le thème de «  Illusion et Punition » et s’exprime, en ces termes : «  un certain nombre d’ignorants se réclament du soufisme, ceux qui n’ont pas sur parcourir le chemin spirituel des savants mystiques et n’ont pas non plus atteindre le rang d’Arif, le connaissant, en raison de leur incapacité intellectuelle et de la fragilité de leur foi et de la domination de l’illusion sur leur for intérieur, ont cru que l’Essence de l’Unité suprême, interprétée dans le langage des Mystiques, comme «  le Rang de l’Unité suprême », «  l’Invisible de l’identité », «  l’Invisible des invisibles », est dépourvue de la réalisation potentielle. Ils estiment que l’Essence de l’Unité suprême est la réalisation du monde apparent même dont les forces spirituelles et relatives au sens et « Allah » sont la même apparence d’un ensemble composé de l’homme Grand, du Livre explicite, et cet homme «  petit » en est un exemple et une copie extraite. Une telle parole n’est qu’une infidélité, une impiété. Et quiconque, ayant un minimum bagage scientifique, ne peut pas tolérer une telle opinion. En effet, l’opposition des oulémas et même des vrais savants mystiques avec des opinons de ce genre s’expliquent par le fait qu’il y ait de mauvaises conceptions et compréhensions en cette matière. «  Masra’a al-Tassvof », rédigé par Burhan al-Dinn Baqaeï ( 809-888 de l’hégire lunaire), réfute et rejette le mysticisme et le soufisme. Ce livre mentionne des mauvaises conceptions et des compréhensions erronées à ce sujet, dont nous en évoquons, ici, un exemple : Cheikh Zinn al-Dinn Abd al-Rahman Ibn Al-Hossein Eraqi à qui Baqaeï a donné le surnom du Cheik des cheikhs, s’exprime, en ces termes, à propos d’Ibn Arabi : «  Donc, cet homme hostile à Dieu, à Son messager et à tous les croyants est venu et a confirmé le soufisme. Ce dernier a dit : «  Arif (le connaissant), est celui qui voit le Vrai, dans toutes les choses et considère même le Vrai comme l’essence de toutes les choses. Certes, le Shirk (l’associationnisme), de l’auteur de cette parole est pire et celui des Juifs et des Chrétiens, car les Juifs et les Chrétiens adoraient l’un des esclaves et amis proches de Dieu, tandis que Ibn Arabi considère l’adoration du veau et de l’idole comme exactement l’adoration de Dieu ».

En Occident aussi, il y a ceux qui ont formulé de nombreuses objections et reproches contre les mystiques et les soufis, ayant eu une mauvaise conception et une fausse compréhension, surtout en ce qui concerne la théorie de l’unité de l’existence.

A ce propos, le docteur Barons, prêtre de Birmingham dit : «  A mon avis, tous les types de l’unité de l’existence devront être exclus et rejetés ; car si l’homme fait, vraiment, partie de Dieu, la méchanceté et l’avilissement qui caractérisent la nature humaine, aussi devront faire partie de Dieu. 9 [9] Stice, l’un des théologiens chrétiens formula contré la théorie de l’unité de l’existence l’objection suivante : «  Il me semble qu’il y trois raisons qui expliquent la méfiance des croyants et des monothéistes vis-à-vis de l’unité de l’existence. Premièrement ; le monothéisme croit en Dieu Distingué, tandis que l’unité de l’existence croit, selon les penseurs occidentaux, en quelque d’absolue non distinguée. Deuxièmement ; si tout ce qui existe est divin, comme le suggère la théorie de l’existence, dans ce cas là, «  le mal » aussi sera quelque chose de divin. Troisièmement ; dans toutes les religions, il existe un fort sentiment et une forte croyance en Grandeur et en l’Immensité et en Puissance de Dieu ? Ce sentiment s’inscrit, exactement dans le cadre de ce que dit Rodolf Otto. L’homme n’est rien à côte de Dieu il n’est qu’un être, pécheur et modeste devant Dieu. Cela relève de pure mécréance et d’infidélité de prétendre que l’homme se situe dans le même rang que Dieu. 10[10] Une telle opinion relève de la mauvaise conception de la fausse compréhension des mystiques et des soufis qui se sont avérés incapables, faut de bagage scientifique suffisant, d’explique un débat profond et lourd qu’est celui de l’unité de l’existence.  



[1] Muhyu-d-din Arabî, Fusus al-Hakam, p. 164

[2] Muhyu-d-din Arabî, "al-Futuhat al Makkiyah" , t .1, p. 272, chapitre 50.

[3]  "al-Futuhat al Makkiyah"., t:2; p. 459.

[4] Cheikh Mahmoud Shabestari, Golshan-e-Raz.

[5] Mohammad Ghazali, Moshkat ul-Anvar, p.p. 150-152.

[6] Seyyed Yahya Yathrebi, “ La Philosophie du Mysticisme”, pp. 127-128, Le Centre de la propagande islamique de l’école théologique de Qom, t. 3, 1995.

[7] Molla Sadra, Asfar Arba”a, t. 2, PP. 327-330

[8] Idem, p. 330.

[9], Bertrand Russell “ La Science et la Religion”, p. 127, tiré de la Philosophie du Mysticisme, p. 173.

[10]  Le Mysticisme et la Philosophie, mentionné par Seyyed Yahya Yathrebi, la Philosophie du Mysticisme, p. 173.

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